« Un mois à la campagne » de Ivan Tourgueniev
Ecrite en 1850, remanié à plusieurs reprises dans l’espoir d’obtenir l’autorisation de la censure, cette pièce n’a été publiée dans sa version définitive qu’en 1869, à une époque où Tourgueniev, découragé par l’hostilité de la censure et l’incompréhension de la critique, avait définitivement renoncé au théâtre considérant son ouvrage comme un récit dialogué et non plus comme une comédie destinée à la scène.
La véritable consécration de Tourgueniev, dramaturge, sera posthume. Elle date de la création par Stanislavski du Mois à la campagne au Théâtre Artistique de Moscou, en 1909. Le triomphe obtenu précédemment par ce théâtre avec les pièces de Tchekhov, considérées jusqu’alors comme peu scéniques, oblige les critiques à changer aussi leur opinion en ce qui concerne le théâtre de Tourgueniev dans lequel ils reconnaissent le prédécesseur direct de l’art dramatique de Tchekhov.
La paisible vie quotidienne chez les Islaïev devient pour quelques jours le théâtre d’une agitation inhabituelle. La présence de Beliaev, étudiant moscovite engagé pour l’été comme précepteur de leur fils Kolia, en est la cause. La simplicité et la vitalité de l’étudiant contrastent avec les conventions mondaines des maîtres et avivent les sentiments d’insatisfactions d’une aristocratie en déclin.
Natalia Petrovna, la maîtresse de maison, séduite par la jeunesse de l’étudiant, reproche à Rakitine, ami de la famille, d’être le représentant de ce milieu maladif et de l’ennui qui suinte du salon. Sa pupille, Véra, tombe également amoureuse de Beliaev. De l’enfant naïve qu’elle était au début de la pièce elle se transforme en une jeune femme décidée. Les tentions s’accumulent tel un ciel qui se charge. Et comme un orage d’été, le conflit disparait aussi brusquement qu’il éclate. Ainsi à la fin du Mois à la campagne, Islaïev et sa mère se demandent avec stupéfaction ce qui a bien pu se passé dans leur maison.