« La Cerisaie » de Anton Tchekhov

Nous sommes en Russie en 1900 et tout vient de basculer. L’aristocratie n’a pas vu venir le XXe siècle, les bourgeois, les marchands, si. Mais Tchekhov dit de sa pièce que c’est une comédie, où l’on va bien rire. Pourtant, le bonheur en est absent : dans l’antique datcha, rien ne marche comme prévu, tel un couple qui s’aime mais ne parvient pas à s’unir. Quant à Lioubov Andréevna et à son frère Gaev, propriétaires pour quelques heures encore de la Cerisaie, ils n’ont pas vu l’heure passer dans cette comédie du bonheur qu’ils se jouent pour la valetaille, où « tout était si beau avant ». Il y a tout juste vingt ans, à l’Odéon, Lev Dodine avait donné une première version, en demi-teinte, de la dernière pièce de Tchekhov. Dans celle-là, je crois qu’il s’est lui-même projeté dans cette comédie farcesque et tragique. En laissant une grande liberté aux acteurs, il a montré comment deux siècles se télescopent, l’un, touché à mort partant à la dérive, l’autre, mettant le cap vers l’inconnu.

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