« Les Innocents, Moi et l’Inconnue au bord de la route départementale » de Peter Handke
Sortant de l’obscurité, au bord d’une route départementale déserte, un Moi prend la parole et salue le printemps. Il est ici chez lui, quand soudain surgissent les Innocents et la saison d’été se transforme en menace. Viennent l’automne et l’hiver, et arrive l’Inconnue, l’espérée ardemment désirée, une apparition lente presque comme une promesse de paix. Dans ce non-lieu suspendu, comme hors du temps, le Moi est confronté aux autres présences, et s’oppose à elles par les mots. La route, à la fois promesse d’un chemin libre et image du monde où autrui nous trouble, devient l’enjeu des rencontres et apparaît comme un équivalent du destin.
Dans le prolongement de son oeuvre, le dramaturge Peter Handke interroge la force du langage et le lieu comme trace du passé. Alain Françon, en s’emparant de cette pièce profondément humaniste, retrouve l’auteur nobélisé de Par les villages.