« Premier Amour » de Samuel Beckett
Mis en scène et interprété par Sami Frey
« J’associe, à tort ou à raison, mon mariage avec la mort de mon père, dans le temps. Qu’il existe d’autres liens, sur d’autres plans, entre ces deux affaires, c’est possible. Il m’est déjà difficile de dire ce que je crois savoir » Samuel Beckett
J’ai découvert tard dans ma vie à quel point les écrits de Samuel Beckett me touchaient. A quel point la profonde humanité de ses personnages, le rythme de ses phrases, la musicalité de son français, son humour terrible, sa poésie, m’étaient proches sans effort.
« J’ai pu penser à Molloy et aux autres le jour où j’ai pris conscience de ma folie, ce n’est qu’à dater de ce jour-là que je me suis mis à écrire les choses telles que je les sens. » Samuel Beckett, Entretiens – février 1961.
Premier amour, écrit en français en 1945 (date de l’époque de cette prise conscience), fait des aventures de Samuel Beckett, ou pas, en jeune homme – avec ce qu’il est bien obligé malgré lui de nommer amour – un récit d’une pathétique drôlerie, d’une naïveté et d’un égoïsme rafraîchissant.
« Car j’ai toujours parlé, je parlerai toujours de choses qui n’ont jamais existé ou qui ont existé si vous voulez, et qui existeront probablement toujours mais pas de l’existence que je leur prête ». Samuel Beckett, Premier amour
Pour le présenter, en ce moment je pense au Beckett des dernières années de sa vie logé dans l’annexe d’une maison de retraite médicalisée.
« Le tiers-temps », il y occupe seul une chambre qui donne sur un petit jardin où il peut sortir prendre l’air.