Rencontres Paul Claudel, Château de Brangues 2006-2011
Contre toute attente, cette année marque la fin des Rencontres de Brangues.
Malgré leur élan (pour ne pas dire leur éclat), l’édition 2011 sera la dernière. En sept années, ces Rencontres poétiques et littéraires ont déployé leurs voix pour célébrer le poème en son élévation, chanter le Verbe dans son incarnation, sonder le sens au creux de la question.
Elles ont salué passants essentiels et passeurs de quintessence – Jean-Louis Barrault, Michael Londsale, Laurent Terzieff. Elles ont embrassé et revendiqué, au fil des éditions successives, un théâtre poétique (2005), une scène pour dire (2006), une scène en prise avec le monde (2007), un théâtre d’art (2008), une circulation des valeurs (2009), une langue européenne épanouie en traduction (2010).
Elles ont porté haut et affirmé fort le souffle de la quête et la vertu d’héroïsme, en une éthique du dépassement spirituel.
Elles ont exalté la transmission en mettant au contact de grandes figures du théâtre et des élèves des écoles nationales supérieures de théâtre et de lettres. Poètes et dramaturges, comédiens et comédiennes, écrivains et philosophes, plasticiens et musiciens, intellectuels et metteurs en scène, français ou étrangers – bref, hommes de l’art et de la pensée, gens de lettres et gens de théâtre, tous sont venus à Brangues, chaque fin juin, l’intelligence au cœur et la flamme en partage, pour faire advenir le miracle de la conjonction artistique et de l’avènement poétique.
Mais le miracle a fait long feu. Au projet préfiguré par les Rencontres, les pouvoirs publics ont opposé une stricte fin de non-recevoir : il n’y aura pas de Centre Culturel à Brangues.
Emmenée par Christian Schiaretti avec la complicité de Gérald Garutti et de Marie-Victoire Nantet, l’équipe bénévole qui a porté ces Rencontres toutes ces années en a pris acte. Avec au cœur la joie du chemin parcouru et l’amer regret de sa fin brutale – pour tous ceux qui, toutes ces années, ont œuvré pour ces Rencontres : au sein de la famille Claudel, Renée Nantet et Violaine Bonzon ; au sein de l’ACCRB, Claire Amchin (qui a fondé l’association et l’a accompagnée jusqu’en 2005 avec Gérard Deniaux et Patrick Bourgeois), Alain Garlan et Éric Favre ; au sein du TNP, Jean-Pierre Jourdain et Laure Chauvin.
En mai 68, on pouvait lire sur les murs de Nanterre : « Plus jamais Claudel ». Aujourd’hui, là où nous voici rendu, plus jamais Brangues, donc. Avec, pour clore ce propos, un dernier tour de(s) parole(s) – poétiques, théâtrales, littéraires, actoriales, afin de faire entendre, une fois encore, l’esprit qui fut à l’œuvre.