Saison 1 Réédition

Mais que s’est-il passé ?! Le 20 janvier dernier nous étions heureux et émus de rouvrir le Théatre 14 après 9 mois de travaux et la naissance d’un nouveau projet pour ces murs rénovés. Une nouvelle programmation était dévoilée, de nouvelles ambitions avancées. Au mois de mars, ensemble nous célébrions le succès du Quai de Ouistreham affichant complet malgré la menace déjà présente, qui rodait et se rapprochait de nous.

Vous vous rappelez ? C’était le monde d’avant … Le 15 mars 2020, deux mois à peine après l’ouverture, nous voici fauchés en plein vol : le virus est là, il se transmet par contact, il faut limiter les lieux de rassemblement, il faut fermer les théâtres. « Rassembler », notre métier, notre raison d’être, d’agir, de travailler. Nous voilà percutés de plein fouet, effondrés, fermés.

Nous avons travaillé au report des belles propositions qui composaient la saison d’ouverture, celle-ci aura lieu : vous retrouverez les TG Stan et Georgia Scalliet, Charles Berling, Eva Doumbia, Benoit Bradel et Marie-Sophie Ferdane, Olivier Py, Julie Guichard, Laurent Cazanave et bien sûr Le Quai de Ouistreham stoppé en pleine exploitation.

Mais la renaissance a besoin de perspectives, de nouveautés, alors nous sommes allés chercher de nouvelles propositions : DJ Set (sur) écoute de Mathieu Bauer, une première collaboration avec le Festival d’Automne : blablabla d’Emmanuelle Lafon, le tube d’Anne-Laure Liégeois L’Augmentation, la présentation artistique de Mathieu Touzé Un garçon d’Italie et l’immense Alain Françon !

Une saison 1 revue, revisitée, rééditée, encore plus joyeuse et plus folle en guise de résilience et de résistance à la violence du destin. La beauté, l’Art et la magie comme arme de guerre face à la tristesse du monde.

Mathieu Touzé et Edouard Chapot

Le Quai de Ouistreham

Texte : Florence Aubenas
Mise en scène : Louise Vignaud
Avec Magali Bonat

Le Quai de Ouistreham est un spectacle de femmes : une metteure en scène et une actrice
donnent voix au texte d’une journaliste grand reporter, qui elle-même a su donner une voix à ces
femmes de l’ombre, femmes qui travaillent avant l’ouverture des bureaux ou lorsque les portes
sont enfin closes, qui récurent, astiquent, ploient sous l’effort et nous donnent le sentiment d’un
monde propre à la sueur de leur front. Présenter Le quai de Ouistreham, c’est se poser la
question de la représentation des invisibles, et de ses limites. À travers ce spectacle, nous
découvrons le quotidien des populations subalternes, à qui l’on donne si peu la parole ou qui
n’ont pas l’occasion de la prendre. La pièce nous montre les différentes formes d’organisation du
travail qui peuvent mener aux processus sociaux d’exclusion. Le Quai de Ouistreham est une
immersion dans la parole.

Avec délicatesse, humour et sincérité, Magali Bonat recrée les situations, les interroge et nous
interroge par la même occasion.

DJ Set (sur) écoute

Conception et mise en scène Mathieu Bauer
Avec Mathieu Bauer, Sylvain Cartigny, Matthias Girbig, Pauline Sikirdji, Kate Strong ou Georgia
Stahl

Trois musiciens et deux comédiens se lancent dans une conférence-concert débridée sous la
forme d’un DJ set. Aux instruments, aux micros et aux platines, ils mixent en direct la soirée et
tentent de partager leur plaisir d’auditeurs en réinterprétant et en combinant librement des
extraits sonores, textuels et musicaux puisés dans un registre aussi large qu’éclectique. Cette
playlist est l’occasion de mettre au jour une réflexion sensible sur la musique : entre chaque
numéro, une voix off resitue les morceaux dans leur contexte et pose les jalons d’une histoire
abrégée de la musique et de l’écoute. D’une sirène de pompiers à un air de Bartók, d’un texte de
Jankélévitch à la mélodie grisante d’une musique de film de Nino Rota, des paroles d’un tube
susurrées au micro à la reprise chorale d’un aria de Wagner, les arrangements percussifs et
électriques de Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny réveillent notre écoute. Le plateau se fait ici le
terrain de jeu d’expérimentations sonores en tous genres pour continuer d’interroger ce
qu’écouter veut dire.

ANTIS

Texte : Perrine Gérard – Mise en scène : Julie Guichard
Avec : Ewen Crovella, Sophie Engel, Jessica Jargot, Maxime Mansion et Nelly Pulicani
Compagnie associée à l’incubateur du Théâtre 14

Après avoir couvert l’élection du nouveau gouvernement, une équipe de rédaction cherche un
sujet vendeur. La dernière recrue, issue de la culture d’internet, évoque une série d’agressions
perpétrées une fois la nuit tombée. Leur enquête et le concours d’une source anonyme les
poussent sur la piste d’un groupuscule. Une haine organisée qu’ils décident d »infiltrer. Une
investigation dont ils ignorent, à cet instant, la mesure.
Du fait divers au fait de société, pour ces journalistes choisir de publier ou non, c’est alors
prendre parti. C’est ce qu’ils nous racontent.
Que nous révèlent nos peurs ? Comment représenter la violence ? Quelle responsabilité pour
celui qui la relaie ?
Théâtre d’anticipation ou fiction du réel, 5 comédiens dialoguent entre scène et salle, entre
choralité et situations instantanées avec brutalité et dérision.

Blablabla

Composition Joris Lacoste – mise en scène Emmanuelle Lafon
Coréalisation Festival d’Automne à Paris

Qu’est-ce que les enfants entendent du monde ? Avec blablabla, Joris Lacoste et Emmanuelle
Lafon proposent une version à hauteur d’enfant de l’Encyclopédie de la parole, une collection
d’enregistrements du langage humain. Une drôle de performance sonore qui tient du génie.
Le chef de train nous accueille à bord du TGV n°1456, Sangoku fait une démonstration de ses
super-pouvoirs, un photomaton débite ses instructions. On croise aussi la Reine de coeur, Wall-E
et une youtubeuse dans ce joyeux capharnaüm. Tous ces sons ont été collectés, enregistrés, triés
et sont réinterprétés sur scène par une comédienne, danseuse et musicienne, qui donne corps et
voix à une multitude de personnages. Elle passe d’une situation à une autre en jouant avec les
accents, les intonations, les timbres et les rythmes. Se croisent et se mélangent le quotidien et le
féerique, le documentaire et la fiction, le domestique et le médiatique, le parlé et le chanté, dans
un tourbillon jubilatoire et ludique, qui ouvre à tous vents les portes de l’imaginaire. Sons
collectés et mots sortis de leur contexte sont juxtaposés jusqu’à l’absurde, dans une épatante
performance vocale.

L’Augmentation

Texte : Georges Perec – mise en scène : Anne-Laure Liégeois
Avec Olivier Dutilloy et Anne Girouard

L’augmentation ou « comment, quelles que soient les conditions sanitaires, psychologiques, climatiques, économiques ou autres, mettre le maximum de chances de son côté en demandant
à votre chef de service un réajustement de votre salaire ».?Pour obtenir une augmentation, il faut
d’abord parcourir un long couloir percé de trous, il faut que : la secrétaire du chef de service soit
là et de bonne humeur, que le chef de service soit là aussi, qu’il entende quand on frappe et dise
d’entrer, qu’il propose ou non un siège, qu’il écoute, puis se laisse convaincre, jusqu’à concéder
l’augmentation, du moins qu’il en parle, à son tour à son chef de service…
Un homme et une femme comme à la Création. Mais ce n’est pas le paradis terrestre. Ils sont
collègues de bureau, parfois solidaires, parfois adversaires. Endossant tour à tour le rôle du
patron sourd ou compatissant, tortionnaire moral absent, puis celui de l’employé à l’air remonté
ou abattu. Tantôt vainqueurs et tantôt vaincus, ils répétent inlassablement les mêmes gestes et
les mêmes mots.?La scène et la salle ne sont plus qu’un couloir. la confiance en l’individu
s’enfonce dans l’épaisseur de la moquette grise, les rêves et les espoirs s’écrasent sur les murs
blanc sale. L’homme et la femme sont de la couleur de la pâte à modeler. La grise, celle faite de
toutes les couleurs mélangées. On recommence, c’est le jeu, on leur redonne forme, on leur
redonne vie, pour mieux les remettre en boule ensuite.

Un garçon d’Italie

Texte : Philippe Besson – Mise en scène: Mathieu Touzé
Avec Yuming Hey Mathieu Touzé et Maud Wyler

Le texte est à la première personne et pour autant nous plongeons dans l’intime de trois personnes. Ces intimités se confrontent et font exister un monde. L’histoire démarre comme une enquête. Un mort. Noyé. Sans raison. La question se pose immédiatement, s’est-il tué ou a-t-il été assassiné ? Mais très vite l’enquête vire à l’exploration de l’intime. Celle de nos certitudes. Il nous interroge aussi sur où commence l’égoïsme sur notre responsabilité dans le bonheur des autres. Il nous amène nécessairement sur notre façon de gérer l’absence. Face à ces multiples vérités et au chevauchement de différentes versions, Un garçon d’Italie pose les questions de l’identité, des rapports de classe, des rapports humains tout court. Il laisse la possibilité au spectateur de construire sa propre vérité au travers des trois récits parsemés par des chansons populaires faisant échos à nos propres intimités.

Après la répétition

de et avec Georgia Scalliet et Frank Vercruyssen – avec la collaboration de Alma Palacios, Ruth
Vega Fernandez et Thomas Walgrave.
TG STAN

Henrik Vogler, metteur en scène vieillissant, est plongé dans ses souvenirs. Ceux du théâtre et de cette mise en scène de la pièce de Strindberg, ‘Le Songe’, qu’il monte pour la cinquième fois… Mais ses pensées sont interrompues par l’entrée d’Anna Egerman, une jeune comédienne passionnée qui, prétextant un bracelet qu’elle a oublié, en profite pour engager la conversation avec Henrik Vogler. Celui-ci, ayant été amoureux de sa mère par le passé, pourrait bien être son père : Anna a 23 ans et 3 mois soit le même âge que sa fille. Elle déteste sa mère Rakel, maintenant décédée, et qui joua, comme elle aujourd’hui, la fille d’Indra pour la mise en scène de Vogler.

Bergman crée Après la répétition comme téléfilm en 1984 avec Erland Josephson, Ingrid Thulin et la jeune Lena Olin, fille du comédien Stig Olin qui a joué dans plusieurs des premiers films du cinéaste. À l’origine, Bergman imagine une correspondance entre une comédienne et son metteur en scène. Il reprend le script pour en faire un dialogue.

La 7e vie de Patti Smith

D’après le roman Le Corps plein d’un rêve (publié aux Editions du Rouergue) et la pièce radiophonique Les 7 vies de patti smith de Claudine Galea
Un spectacle de Benoît Bradel, créé avec Marie-Sophie Ferdane
avec, Marie-Sophie Ferdane Thomas Fernier et Seb Martel

À la fin des années 1970, dans un village près de Marseille, une jeune fille timide porte difficilement ses 16 printemps. Jusqu’au moment où elle entend une voix. C’est Patti Smith qui, avec Horses, entre dans la légende. L’adolescente va s’imaginer une correspondance secrète avec son idole. Voilà le point de départ de la fiction radiophonique et du roman de Claudine Galea que Benoît Bradel adapte au théâtre.

Un double-portrait en forme de dialogue fictif qui nous parle de l’impérieux besoin de liberté. De la volonté d’inventer sa vie par les mots. De la jubilation et du vertige d’être multiple. Du désir d’être aimée. Au centre de cette performance habillée de guitares électriques, la magnétique Marie-Sophie Ferdane. Tour à tour adolescente et chanteuse, elle passe la parole à ses musiciens, déclame du Rimbaud, chante le rock and roll, murmure les psaumes de Patti, danse avec une grâce habitée. Tout semble devenir possible.

Kolik

Texte : Rainald Maria Goetz – Mise en scène : Alain Françon
Avec Antoine Mathieu
Création au Théâtre 14

Kolik est la troisième partie de la trilogie Guerre de Rainald Goetz, publiée en 1986. Dans une ère qui semble être venue à bout de ses illusions. Kolik retrace l’errance ultime d’un personnage, l’inventaire d’une vie. Cette vie est renvoyée à des bribes de langages, brutes. Où la perte de la grammaire souligne aussi la perte de sens de sa vie. La pièce convoquant la physique, la musique, la philosophie, la foi, la sexualité, la bière et la décomposition est une condensation extrême à l’ultime instant de vie avant la mort. Le texte questionne notre rapport au langage et à la violence. Christine Seghezzi a repris le texte de Kolik avec Antoine Mathieu et Alain Françon pour établir la version actuelle qu’Alain Françon créera au Théâtre 14.

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